1. CENTRES DE COLLECTE
Les centres de collecte constituent un relais entre les producteurs et l'usine laitière. Ils assurent la réception du lait, sa réfrigération, parfois sa pasteurisation et sa conservation en attendant son transport à la laiterie. L'intérêt de ces centres est double : permettre par une réfrigération précoce du lait d'améliorer sa conservation, économiser les frais de transport. Ils se justifient notamment lorsque les zones de ramassage sont éloignées de l'usine ou lorsque celles-ci sont constituées de petits fournisseurs dont l'accès à leur exploitation est difficile en raison de l'état des routes. Dans les pays en voie de développement l'implantation de ces centres facilite considérablement le difficile problème de l'approvisionnement en lait des usines, tant du point de vue quantitatif que qualitatif; inversement, elle incite les agriculteurs à accroître la production laitière sachant que celle-ci est assurée d'un débouché. Ces centres peuvent être considérés comme une formule très améliorée des “postes à lait” qui existent dans certaines régions.Dans les régions où les producteurs sont isolés, le centre n'est pas seulement le local de réception et de réfrigération du lait. Il est aussi un lieu de rencontre des producteurs qui peut très utilement être mis à profit pour les informer et les conseiller. Son rôle possible dans la vulgarisation ne doit pas être sous-estimé. En outre un magasin d'approvisionnement en médicaments vétérinaires, produits de nettoyage, aliments du bétail, etc… peut lui être adjoint. Il apporte ainsi un service très souvent apprécié pour les producteurs.
11. Fonctionnement
Le plus rapidement possible, chaque producteur ou les collecteurs apportent le lait au centre où il doit parvenir, en principe, dans les deux heures qui suivent la traite. Celui-ci est mesuré, en volume ou mieux en poids, contrôlé par des moyens simples (aspect physique, odeur, acidité…), filtré et aussitôt versé et conservé dans le tank réfrigérant. Chaque jour ou une fois tous les deux jours, il est expédié à la laiterie de préférence au moyen d'une citerne isotherme. Celle-ci facilite les transvasements ; le lait maintenu en masse se réchauffe moins rapidement ; elle évite le nettoyage et la manipulation de bidons.12. Construction.
Le bâtiment peut être construit simplement en matériaux durs, tels que pierre, briques, ciment, et selon les méthodes et les possibilités locales. Il doit être protégé des intempéries et du soleil et orienté de telle sorte que ses ouvertures soient abritées des vents dominants. Ses accès doivent être aménagés afin d'éviter le plus possible qu'ils se transforment en zone boueuse ou poussièreuse.Les murs intérieurs et les plafonds doivent être lisses et lavables. Les sols doivent être résistants, antidérapants et faciles à nettoyer. Ils doivent être pourvus d'une pente suffisante pour éviter toute stagnation d'eau et d'une ou plusieurs bouches d'égout assurant l'évacuation à l'extérieur de celle-ci. Une bonne ventilation doit permettre d'éviter les condensations éventuelles. La pose de grillages fins ou d'autres dispositifs est souvent nécessaire pour empêcher l'entrée des mouches ou autres animaux.
La disposition du local et ses dimensions varient avec l'importance du centre. Pour de petites quantités de lait, il peut être d'un seul niveau sans surélévation au-dessus du sol. Lorsqu'elles sont plus importantes on peut avoir intérêt à disposer la plateforme de réception. en surélévation par rapport autank réfrigérant de façon à faciliter le déchargement des véhicules de collecte et à profiter de la gravité pour filtrer et verser le lait. Dans le cas le plus simple où la quantité de lait est faible (de l'ordre de quelques centaines à 1.000 ou 1.500 litres de lait par jour) on peut se contenter d'une seule pièce. Toutefois, par mesure d'hygiène et d'organisation, il est préférable de séparer le secteur réception et lavage des bidons de ramassage de celui réfrigération-stockage et de prévoir un lieu de stockage des produits de nettoyage et de rangement des petits matériels et outillages.
Lorsqu'un magasin de fournitures aux producteurs est prévu, celui-ci doit être nettement séparé de façon à limiter les contaminationset à permettre un travail rationnel.
13. Equipement
Deux utilités sont nécessaires : l'eau et l'électricité. Les matériels à prévoir sont :- un appareil de mesure (décalitre ou balance),
- tamis-filtre,
- un tank réfrigérant,
- un dispositif de production d'eau chaude,
- une cuve lavage. Celle-ci permet de laver les bidons de collecte avant qu'ils soient repris par les producteurs.
La figure 59 donne le schéma d'un centre de collecte d'une capacité de 3.000 litres de lait par jour.
2. COLLECTE DU LAIT EN VRAC
L'idée de remplacer la collecte traditionnelle en bidons par le ramassage en vrac a pris naissance dans la recherche d'une simplification et surtout d'une économie dans l'approvisionnement en lait de l'usine. On s'est rapidement rendu compte que le mélange de laits de qualités variées augmentait généralement la charge microbienne de celui-ci et arrivait souvent à l'usine en état d'altération. Le ramassage en citerne ne pouvait se faire dans de bonnes conditions que dans la mesure où il était possible de ralentir fortement le développement microbien. Il est maintenant bien admis que la collecte en vrac n'est applicable que si elle est précédée, à la ferme, d'une bonne hygiène de la production et d'une réfrigération précoce et rapide. On doit bien considérer que l'équipement d'une zone en tanks réfrigérants et la collecte ne vont pas l'une sans l'autre. Ce procédé d'ensemble constitue une évolution technique, économique et sociale considérable. Il présente des avantages certains mais il n'est valable que sous certaines conditions. A la ferme comme à l'usine, il impose de profondes modifications, exige de nouvelles contraintes, des efforts d'adaptation et une minutieuse organisation. Sa mise en place ne peut aboutir à des résultats satisfaisants que si elle se justifie, ce qui nécessite une minutieuse étude préalable et non quelques considérations empiriques.Cette méthode généralisée dans la plupart des grandes régions laitières est déjà présentée par quelques promoteurs comme étant dépassée. Ceux-ci remettent en question son bien-fondé économique et microbiologique et proposent de la remplacer par des techniques à la ferme telles que la thermisation jointe à la concentration par ultrafiltration. Malgré l'intérêt théorique que présente l'étude de ces techniques complexes, il n'en demeure pas moins vrai qu'actuellement et vraisemblablement encore pour longtemps, la réfrigération et la collecte en vrac resteront la meilleure solution dans la majorité des cas.
1) Quai de réception, de mesure et de contoôte di lait | 5) et 6) Pompe et canalisation reliant le tank à la citerne de collecte |
2) Filtres | 7) Pompe d'eau glacée |
3) Tank réfrigérant placé dans un puits | 8) Groupe frigorifique extérieur |
4) Placé à 1,20 m en-dessous de la plate- forme de réception (1) | 9) Cuves de lavage bidons des producteurs |
• Principe. Il est apparemment très simple. Il est fondé à la fois sur la mécanisation des transferts de lait et sur l'allongement de sa durée de conservation. Le lait conservé à la ferme en tank réfrigérant est directement pompé dans une citerne montée sur un camion et vidée à l'usine dans les mêmes conditions.
L'application de ce principe amène la suppression des bidons et par suite leur manutention et leur nettoyage. Elle permet un aménagement optimum des horaires de collecte et de réception, d'espacer la fréquence des ramassages qui, de bi-quotidiens ou quotidiens, n'ont plus lieu qu'une fois par jour ou tous les deux jours. Une meilleure rotation des véhicules et la possibilité de transporter des quantités accrues de lait sur de plus longues distances sont aussi parmi ses avantages. Tout se résume par une meilleure organisation de la collecte permettant d'en réduire le coût tout en diminuant les travaux pénibles. Mais, en réalité, l'obtention de ces résultats prometteurs est liée à diverses conditions techniques et économiques dont l'examen ne peut être intuitif ou sommaire mais réalisé avec soin et selon une méthode appropriée. Il en existe de plus ou moins simples pouvant utiliser ou non l'outil mathématique et informatique. Avant d'en faire l'examen il est nécessaire de connaître les caractéristiques principales des matériels de collecte.
21. Matériel de transport du lait en citerne
La réfrigération en vrac et le ramassage en citerne sont deux séquences d'un même système destiné à améliorer la qualité du lait et à diminuer les frais. C'est pourquoi on retrouve dans ces deux équipements un certain nombre de caractères communs. Dans la construction de la citerne et de ses accessoires on s'attachera à ce qu'elle conserve au lait sa qualité initiale par la facilité du nettoyage, la simplicité des circuits, l'isolation suffisante. Elle sera conçue de manière à réduire en effort et en temps le travail du ramasseur : compteur à lait, accessoires pratiques, prélèvement automatique des échantillons. Enfin l'ensemble véhicule-citerne sera choisi de telle sorte qu'il permette de réduire les frais de collecte tout en étant adapté aux conditions locales : état des routes, relief de la zone, accès aux tanks, multiplicité des fournisseurs.Un camion de ramassage comprend deux parties (figures, 60, 61, 62, 64) :
- le porteur, c'est-à-dire l'ensemble chassis-moteurpneumatiques,
- la citerne et ses équipements.
211. Le porteur
Il n'entre pas dans le cadre de cet exposé d'en donner les détails mais simplement de faire quelques remarques sur les caractéristiques à prendre en compte dans son choix. Celui-ci découle d'abord de la capacité maximale de la citerne qui est elle-même déterminée en fonction des caractéristiques de la zone : volume de lait, longueur et durée de la collecte, servitudes diverses (état des routes, limite de charge des ponts…) et des aspects économiques de la collecte.En fonction de ces facteurs on peut avoir le choix entre le camion porteur simple et le semi-remorque. Le simple porteur ne permet guère de dépasser 10.000 à 12.000 litres de lait. Si les quantités sont plus importantes, deux solutions sont possibles : soit accrocher une remorque au porteur simple. Dans ce cas le circuit de ramassage est souvent organisé en “huit”. Selon les cas la remorque après remplissage est déposée en un point central de la tournée puis reprise au retour ou au contraire laissée vide et seulement reprise pour la dernière partie de la collecte : soit utiliser un semi-remorque qui permet de recevoir de grosses quantités de lait, offre une certaine maniabilité et évite les temps morts.
Ce choix doit aussi tenir compte des dispositions réglementaires propres à chaque pays : poids total autorisé en charge, poids total roulant autorisé (porteur plein + remorque pleine) dimension des véhicules, type de permis de conduire…
Les dimensions du véhicule influent sur sa maniabilité. L'empattement c'est-àdire la distance entre les essieux avant et arrière doit permettre une bonne répartition des charges sur ceux-ci : celle-ci est obtenue lorsque le centre de gravité de la citerne est situé à une certaine distance en avant des roues arrières. Selon la capacité et la disposition de la citerne, le poids et l'emplacement des accessoires, l'empattement varie, aussi doit-il être déterminé en concertation avec le constructeur du véhicule. Les caractéristiques du moteur ont évidemment une influence sur la consommation en carburant et sur sa longévité.
La boîte de vitesse doit faire l'objet d'une attention particulière. Outre sa robustesse nécessitée par les efforts qui lui sont demandés il est important de bien choisir ses différents rapports. Compte tenu de la topographie et de la longueur des tournées, le couple lié à la réduction dans le pont arrière est choisi dans la gamme suivante :
- le couple “court”. Il convient aux régions accidentées, montagneuses. Il accepte les fortes pentes mais limite la vitesse du camion,
- le couple “moyen”,
- le couple “long” adapté aux grandes tournées de plaine et permettant des vitesses rapides.
Dans tous les cas il faut rechercher la robustesse du porteur, sa souplesse et sa facilité de conduite ainsi que les possibilités de lui assurer un excellent entretien.
212. La citerne
Elle est habituellement construite en acier inoxydable 18/10 d'une épaisseur de l'ordre de 25 à 30/10 mm. Ce métal, outre ses bonnes qualités mécaniques, résiste à la corrosion, ce qui permet un excellent nettoyage à l'aide de solutions détergentes alcalines et acides. L'état de surface doit être lisse, glacé à l'intérieur et poli à l'extérieur. Toutes les soudures doivent être soigneusement meulées et polies.Les autres matériaux comme l'aluminium et ses alliages ou les matières plastiques armées ne sont pratiquement jamais utilisés en raison, notamment, des difficultés de leur assurer une propreté bactériologique satisfaisante.
L'isolation n'est pas toujours nécessaire. Elle dépend essentiellement des conditions climatiques et de la durée de transport du lait. Sous les climats froids la masse de lait bien réfrigérée, transportée en quelques heures (deux ou trois), se réchauffe lentement de quelques degrés (de l'ordre de 1°C par heure).
Dans les autres cas l'isolation s'avère nécessaire. Celle-ci est réalisée par une couche d'environ 6 cm d'épaisseur de polyuréthane ou de 10 cm de laine de verre. Selon l'épaisseur choisie le coefficient global effectif de transmission de chaleur varie; il est souvent voisin de 0,40 Kcal/m2xhx°C, ce qui est satisfaisant, sauf peut-être dans les pays particulièrement chauds ou lorsque les tournées sont très longues. Ce coefficient tient compte des ponts thermiques (supports de la citerne, tuyauterie de lait, trous d'homme). L'isolant est revêtu extérieurement d'une jaquette en acier inoxydable. Celle-ci est d'épaisseur variable de l'ordre de 5 à 12/10 mm. Au bout de quelques années de service on observe généralement une augmentation du coefficient de transmission de chaleur. Il peut atteindre 0,60. Ce phénomène gênant est dû au vieillissement de l'isolant sous l'action de l'humidification et du tassement de la laine de verre ou de la dégradation des polyuréthanes par les nettoyages à chaud de la citerne.
L'isolation ne se justifie que si elle est véritablement nécessaire. D'une part, elle augmente le poids de la citerne de façon importante. C'est ainsi qu'une citerne de 10.000 litres pesant, non isolée, 1.700 kg, passe à 2.200 kg après isolation. D'autre part, elle se traduit par une élévation considérable du coût. En fonction de la capacité de la citerne, celui-ci croît de façon pratiquement linéaire. Généralement il faut considérer que le prix de l'isolation représente environ la moitié de celui de la citerne.
La plupart des citernes sont de forme oblongue, à section cylindrique ou elliptique. Dans les modèles standards généralement choisis parce que moins chers, le diamètre du cylindre ou la longueur du grand axe et du petit axe de l'ellipse sont généralement fixes pour un modèle donné. Elle est, par exemple de 2.100 mm pour le grand axe de l'ellipse et de 1.400 ou 1.500 mm pour le second. La longueur de la citerne est alors porportionnelle à la capacité. Afin d'éviter le balancement excessif du lait qui risque de rendre difficile la conduite du camion, et de provoquer le barattage du lait dans la citerne, on peut placer des brises-lames en acier inoxydable. On peut aussi cloisonner la citerne en deux ou trois compartiments d'un volume minimal de 1.200 à 1.500 litres, ce qui permet aussi de séparer les laits de qualité ou d'origine différentes. Ce cloisonnement amène un supplément de prix notable, notamment lorsqu'il comporte une isolation.
(Cliché MAGYAR)
(Cliché MAGYAR)
(Cliché MAGYAR)
Chaque citerne ou chaque compartiment comprend :
- un trou d'homme (figure 62a) avec reniflard de sécurité ou une soupape atmosphérique au sommet de son couvercle. Une échelle et une passerelle antidérapante en acier inoxydable permettant d'accéder au trou d'homme et au dispositif de branchement des tuyauteries de nettoyage,
- une tuyauterie d'entrée de lait antimousse,
- une poche de vidange avec tuyauterie de sortie d'une section suffisante pour une bonne évacuation des solutions détergentes et les eaux de rinçage faute de quoi le fonctionnement du système de nettoyage en place risquerait d'être perturbé. La citerne est généralement supportée par des demi-anneaux ou des anneaux reposant sur deux socles fixés au chassis (figure 63).